2010/06/01

Pedro Meca

Depuis 40 ans, Pedro Meca, prêtre dominicain d’origine basque, arpente les rues, la nuit, à la rencontre des personnes qui y vivent.

« Que de soirs pour un seul matin », dit le poète Henri Michaux. Cette phrase, Pedro Meca l'a gravée dans sa mémoire. Né en 1935 au Pays Basque Espagnol, il arrive en France à l'âge de 17 ans. Il a un parcours iconoclaste : contrebandier, prêtre dominicain, militant politique, en lutte contre le régime franquiste, éducateur et écrivain. Mais Pedro est avant tout un homme révolté, en guerre contre toutes les exclusions. Ces ghettos où nous vivons tous, ce sida social qu'est l'isolement et le non lieu. « Il n'y a pas un côté ici et un autre là-bas, il n'y a pas le dedans et le dehors, la société et l'exclusion, les inclus et les exclus : nous sommes tous dans le même bateau …avec des classes et des conditions différentes. »

Depuis plus de 20 ans, il est aux côtés des marginaux. Avec l'association des compagnons de la nuit, composée de travailleurs sociaux et de bénévoles, il a créé en 1992 un lieu étrange : « la moquette ». Ce n'est pas un hébergement, on ne reçoit pas d'argent ni de repas. La moquette a pour vocation de créer un lieu, de casser l'isolement. Elle accueille sans distinction les SDF (sans domicile fixe) et les ADF (avec domicile fixe). Des activités sont proposées : ateliers d'écriture, conférences débats, rencontres avec des artistes, fêtes et anniversaires. Mais le plus de ce lieu, c'est la non catégorisation. Monique Culon (éducatrice) dit : « Ici, on cherche à faire cohabiter tout le monde. Quelle que soit la personne qui rentre, elle a sa place. La moquette n'appartient ni aux SDF, ni aux ADF. C'est un lieu pour tous. » Espace de rencontre et d'échange, la moquette est une transition, une trêve pour ces « nuitards » qui revendiquent le droit de ne pas dormir et d'avoir un espace pour être autrement.

Les compagnons de la nuit, la moquette
15 rue Gay Lussac, 5ème arr.


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